Notre intelligence est bridée : explication

Article écrit par les auteurs du site Enigmatik, pour aller un peu plus loin que les énigmes.

Notre intelligence est bridée.

La raison est la suivante : les parties anciennes de notre cerveau sont plus rapides que notre intelligence. Voici ce qu'en dit Sciences & Vie :

"Nos travaux montrent que, dans ce test, nous fournissons la mauvaise réponse car notre cerveau active un circuit neural particulier. [...] Or pour produire la bonne réponse, il faudrait tout simplement inhiber cette activation." (Sciences & Vie no 1044, dossier sur le cerveau).

Bref, notre cerveau est constitué de circuits rapides, mais pas très intelligents d'un côté et de circuits plus lents, mais intelligents de l'autre.

On a donc d'un côté un mode mental automatique et d'un autre un mode mental intelligent (comme les appelle le Dr Jacques Fradin).

Notre cerveau décide en temps réel lequel des modes il va privilégier. D'ailleurs, on peut constater sur IRM, le passage d'un mode à l'autre. Plus vers l'arrière du cerveau pour le mode mental automatique et plus vers l'avant pour notre intelligence.

Il faut donc connaître les rouages de cette bascule entre les modes pour exploiter son intelligence.

Une erreur fatale de raisonnement

Avant de continuer une petite question : Jim passe 70 minutes par jour dans sa voiture pour aller au travail, soit 350 minutes par semaine. Il voudrait réduire son temps à 210 minutes par semaine. Comment peut-il faire ?

Il peut rouler plus vite. Mais d'une part c'est risqué, d'autre part ça ne suffit pas. Il pourrait essayer d'innover et de penser autrement. Autrement dit, utiliser son mode mental intelligent. Mais il ne le fait pas. Pourquoi ?

A cause d'une erreur de pensée du vieux cerveau. Notre vieux cerveau ne fait pas la distinction entre ce que l'on pense et la réalité. En vrai, une pensée ne reste qu'une simple pensée : elle peut être vraie comme fausse.

Mais notre vieux cerveau nous fait croire que c'est une évidence et que c'est forcément vrai. Pour lui, si on ne connait pas de solution, il n'y a même pas besoin de chercher : il n'y en a pas, c'est sûr... Enfin, c'est ce que dit notre mode mental automatique.

Mais pourquoi notre vieux cerveau nous donne ce sentiment de réalité même quand ce n'est pas vrai ? Parce que notre vieux cerveau veut aller vite, il n'a pas le temps d'hésiter. Parce que pour nos ancêtres, hésiter c'était souvent la mort. Hésiter à fuir un danger est plus dangereux que courir pour rien.

Et plus c'est habituel à nos yeux et plus notre vieux cerveau l'emporte. Résultat, c'est notre vie quotidienne qui le paye. Comme pour Jim. Jim résoud des problèmes informatiques tous les jours. Mais, il ne peut pas résoudre son problème de trajet. Parce que pour chercher une solution, il faut déjà imaginer que c'est possible.

Au 19ème siècle, Mark Twain avait sûrement préssenti ce problème. Voici une citation de lui :

"ils ne savaient pas que c'était impossible, alors ils l'ont fait".

Et si ce problème de trajet n'était que la pointe de l'iceberg ? Et si cet "aveuglement" impactait beaucoup plus nos vies ? Nous ne pourrions pas le savoir puisque justement notre cerveau nous dit qu'il n'y a rien à chercher.

Bon, revenons à Jim. Il existe plusieurs solutions à son problème de trajet. Mais une des solutions pourrait être la suivante :

D'abord il convainc son patron de lui laisser faire ses heures supplémentaires à la maison ? Comme il travaille sur informatique, c'est possible. Ensuite, il pourra montrer une enquête montrant que les personnes travaillant de chez elles sont plus productives (ce qui est vraiment le cas). Il demande alors un après-midi par semaine pour travailler de chez lui. Si l'essai est concluant, il peut demander de travailler 2 journées entières de chez lui. Et voilà, comment il passe de 350 minutes de trajets à 210 minutes. Il existe des personnes qui ont mis en place cette solution avec succès (Source : Tim Ferris).

Une 2ème erreur fatale

Mais Jim ne s'y mets toujours pas. Pourquoi ? A cause d'un autre erreur de notre vieux cerveau nommée le biais de confirmation. Le biais de confirmation c'est la tendance à confirmer ce qu'on pense déjà. La conséquence : on change rarement d'avis même si on a tord.

Pour donner une image, Jim n'a vu que des cygnes blancs dans sa vie. Pour lui, c'est sûr tous les cygnes sont blancs. Si je lui demande si tous les cygnes sont blancs, il va chercher des endroits où il a vu des cygnes blancs pour se prouver qu'il a raison. C'est illogique : me montrer 100 cygnes blancs ne prouve rien, alors que montrer un seul cygne noir suffit à montrer que les cygnes peuvent être noirs. Et c'est le cas : les cygnes noirs existent.

Pour son trajet, c'est pareil, il va uniquement chercher des arguments contre le télétravail et aucun argument pour. En procédant ainsi, il est sûr de conserver ses idées. Il va être contre le télétravail parce que son vieux cerveau va privilégier ce qu'il connait : les trajets quotidiens.

La 3ème erreur

La troisième erreur, on l'appelle le biais d'appariemment. Cela consiste à bricoler une solution basée sur les apparences, à mettre mélanger les données du problème et de voir si ça marche.

C'est ce que montre les sciences cognitives : la science qui s'intéresse à notre manière de penser.

Ce genre de solution peut être totalement irrationnel. Un exemple : une personne est en retard et attend l'ascenseur. Elle va donc appuyer plusieurs fois sur le bouton espérant le faire arriver plus vite.

Que va faire Jim pour régler son problème de trajet : il va coller les voitures, lui donnant l'impression d'aller plus vite. Il ne peut pas gagner du temps comme ça. Un petit calcul pour vous en convaincre.

Imaginons Jim est coincé derrière une voiture pendant tout son trajet. Admettons qu'il se tienne à 5 mètre de la voiture au lieu de 30 mètres. Combien de temps va-t-il gagner ?

A priori, il va gagner 25 mètres, donc si il roule à 50km/heure, cela fait 1.8 secondes. Sans parler du fait qu'il aurait pu coller la voiture juste à la fin et ainsi regagner ses "précieuses" 1.8 secondes.

Quelle énergie met-il tous les jours pour bricoler des solutions qui ne fonctionnent pas ou si peu. Tous les jours, on reste debout plus de 60000 secondes. En permanence on prend des décisions : qu'elles soient automatiques ou non. Quel coût cela peut-il avoir dans nos vies de fonctionner ainsi.

Pourquoi c'est nécessaire de débrider son intelligence ?

Il y a deux manière de régler les problèmes. Première solution, on met des pansements, on répare avec des bouts de ficelles, on est dans le cours terme.

Ca donne des résultats rapidement, mais ça recasse très vite.

Soit on répare à la racine du problème : on agit sur ce qui l'a créé en premier lieu.

Débrider son intelligence, c'est s'attaquer à la racine de tous les problèmes. La raison : l'intelligence est la capacité à s'adapter, à résoudre des problèmes : quels qu'ils soient.

Quelle energie passons-nous à mettre des pansements ? Et sur une vie entière qu'est ce que ça donne ?

Quelles solutions pour débrider son intelligence

La première approche, c'est celle que j'ai empruntée : chercher des livres et documentations diverses, les lire, faire un travail d'esprit critique pour évaluer la crédibilité des sources. Et enfin, apprendre et synthétiser pour se créer des outils simples à utiliser.

La deuxième approche, moins contraignante : suivre les recommandations d'un seul auteur, comme Jacques Fradin avec L'intelligence du stress (lien vers Amazon).

Par les auteurs d'Enigmatik


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